La reliance est au coeur de notre démarche

Depuis des décennies, Edgar Morin a développé le concept de pensée complexe comme remède à cette désagrégation :

« Quand je parle de complexité, je me réfère au sens latin « complexus », ce qui est tissé ensemble. Les constituants sont différents mais il faut voir comme dans une tapisserie la figure d’ensemble (…) Le vrai problème ( de réforme de pensée), c’est que nous avons trop bien appris à séparer. Il vaut mieux apprendre à relier.»

Depuis plus de seize ans maintenant, la reliance est au coeur de notre démarche. Nous souhaitons aujourd’hui prendre part à ce défi en faisant de l’Université de Terrain Edgar Morin ( UTEM), une instance médiatrice qui relie les personnes, les idées, les points de vue, les disciplines ; les connaissances et les pratiques ; la réflexion et l’action.

L’expérience du Chimère Café nous a appris comment faire de l’accueil et du mélange des mondes le point de départ et l’axe essentiel de l’action. Un café est un lieu idéal pour favoriser les rencontres, les initiatives et les idées.
Le « bricolage social » qui s’y tisse depuis de nombreuses années, nous conduit aujourd’hui à nous lancer dans une nouvelle aventure, en nous appuyant sur ce que nous expérimentons depuis plus de quinze ans avec nos dialogues citoyens, nos ateliers transversaux etc.

C’est une aventure qui vise un partage de savoirs, si essentiels à chacun.e pour prendre ou reprendre du pouvoir sur nos vies d’humain.e.s et de citoyen.ne.s.

Pourquoi « Université » ?

Parce que, par définition, c’est le lieu de la fabrique des savoirs et de leur transmission.
Mais il s’agira d’une Université

  • profondément ancrée dans le terrain du Chimère café – les gens qui passent, qui s’assoient, qui s’interrogent, qui tempêtent mais qui se rencontrent …, tous singuliers, porteurs ensemble d’une indispensable diversité (d’âges, de cultures, de conditions sociales)- terrain dans lequel elle puisera les auteurs et acteurs de ses visées, de ses objectifs et de ses fonctionnements.
  • construite sur l’accueil et les liens, liens entre personnes, liens entre les savoirs
  • et qui aura à coeur de faire vivre l’oeuvre d’Edgar Morin, à travers un cycle de conférences, débats et ateliers

Le modèle dominant de la transmission des savoirs reste élitiste, hiérarchique et descendant. Cramponné à la conviction que des « prérequis » sont toujours nécessaires, il érige des barrières quasi infranchissables devant celles et ceux qui n’ont pas pu, pas voulu ou pas osé fréquenter l’Université. Il cultive le cloisonnement disciplinaire qui serait garant de la pureté de chaque domaine d’expertise, négligeant voire ignorant les savoirs informels, sensibles, vernaculaires dont les richesses peuvent offrir des entrées nouvelles dans la compréhension de multiples phénomènes. Ce cloisonnement dont Edgar Morin a dénoncé à la fois la cécité et la nocivité, est en revanche d’une redoutable efficacité pour rendre les savoirs inaccessibles au plus grand nombre. Oui, la complexité facilite la compréhension des savoirs.

L’UTEM ne sera donc pas un objet académique mais cherchera à instituer une autre forme d’université, une école des gens pour tous et gratuite.

L’UTEM ne déclinera pas un programme à priori.
Elle se construira et se renouvellera en permanence, à partir du recueil des choses formulées par des gens, sous forme de problèmes ou de controverses, donnant naissance à des ateliers où l’écoute et le partage de ce qui se vit au quotidien peuvent déboucher sur d’une part des productions de savoirs mais aussi l’émergence de besoins de connaissances pour aller plus loin.

L’UTEM contribuera ainsi à la transmission et l’échange de savoirs et méthodes utiles pour aborder les grands défis de l’époque, comme les bouleversements climatiques et éco systémiques et les fragilités démocratiques.